Qu’elles soient à la française ou à l’italienne, les ouvertures d’opéra avant Wagner avaient principalement une fonction dramatique, celle de faire entrer le spectateur dans le temps de l’action. Il n’en va pas de même du prélude de Tristan et Isolde qui, agissant comme un seuil, introduit le spectateur-auditeur dans le temps du mythe, du sacré.
En m’appuyant sur les notions de “temps sacré” et de “temps profane” de Mircea Eliade, j’étudie la manière dont les trois préludes de Tristan guident le spectateur et orientent sa perception tout au long de l'œuvre. À travers le réseau de leitmotive qui en est issu , ces "introductions" se déploient dans tout l'opéra, maintenant l'auditeur à la frontière entre deux temporalités : celle de l’action et celle du mythe.